Depuis lundi, le lycée Saint-Exupéry de Blagnac est la cible de blocages. Ce mardi, les évènements ont pris une nouvelle tournure avec l’incendie de l’établissement. Avec des revendications multiples, les lycéens organisent leurs actions via les réseaux sociaux. Une méthode qui montre ici ses limites. Reportage.
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Les locaux administratifs, le CDI et les laboratoires scientifiques ont été la proie des flammes. (Crédit : T. C.) |
« Au début, ils n’étaient que quatre. Par solidarité, on les a suivis.À 8 h 30 heures, il y avait une bonne ambiance. Certains dansaient sur les poubelles », témoigne Charline. Cette élève de première fait partie du lycée Saint-Exupéry de Blagnac, un établissement construit en 2004. Ce matin avec les 1 800 autres élèves, elle a assisté au spectacle du blocage conduit par une dizaine de jeunes en colère.
Un simple blocage qui a pris brusquement une tout autre ampleur. En effet, une demie heure plus tard, vers 9 h 00, la scène a laissé place à un incendie. Les poubelles faisant office de barricade ont été incendiées. Rapidement, les flammes se sont attaquées aux salles administratives, au CDI et aux laboratoires scientifiques. « On nous a rapidement demandé d’évacuer car il y a des produits inflammables dans ces salles », révèle Txori, en terminale L. En fin d’après-midi, le bilan est lourd : une partie de l’établissement est détruite. Dans un communiqué, le lycée explique qu’il fermera ses portes jusqu’à lundi prochain.
Des conséquences graves dont l’origine est sans doute en partie à trouver dans une révolte peu organisée qui est devenue incontrôlable.
« Ce n’était pas ce qui était prévu »
C’est sur les réseaux sociaux qu’un appel au blocage a été lancé la veille. « Il y a eu une conversation sur Messenger. Quelques groupes Snapchat aussi », explique Benoit, un lycéen de première. Sur le compte Instagram « saintexupery31 » regroupant 1 174 abonnés, un élève anonyme a appelé ses camarades à bloquer « sans pour autant être violent ». La publication a été aimée plus de 200 fois et commentée par une centaine de personnes. Le gestionnaire du compte, un anonyme, avait demandé à ses followers de ne pas faire les « débiles à mettre le feu aux poubelles ». Une mise en garde qui n’a pas suffi.
Sur Instagram, un appel à la mobilisation a été lancé par un élève anonyme. (Captures d’écran Instagram saintexupery31)
Sans figure derrière qui se ranger, ni revendications clairement définies, les lycéens ont peiné à s’organiser efficacement. Lundi, deux tentatives de blocus ont échoué. La plus longue a duré 30 minutes. « Sur les réseaux, on passait pour la risée des lycées », indique Valentin. C’est donc avec une détermination décuplée que plusieurs lycéens, comme Thomas, se sont massés devant l’établissement ce mardi. « On aurait suivi n’importe qui. On était chaud ». Et mardi la mobilisation a bel et bien débordé.
Des dégâts causés par des individus extérieurs à l’établissement ?
Une fois l’incendie maîtrisé par les pompiers, plusieurs élèves, comme Julie, semblent abasourdis : « Je ne réalise pas encore ce qu’il vient de se passer ». Arthur, élève de terminale, regrette les incidents. « Ce n’était pas ce qui était prévu.Au départ, ça devait être un blocus mignon ».
Du côté des lycéens, on tente de se dédouaner des responsabilités de l’incendie. Plusieurs témoignages font état de groupes cagoulés, peu identifiables. « Ils ont masqué les caméras. Ils viennent d’autres lycées et de différents quartiers de Toulouse. Ce sont eux qui ont brûlé le lycée », jure un élève.
Pour l’heure, aucune communication n’a été faite au sujet d’un nouveau blocage. Certains élèves, comme Thomas, sont prêts à bloquer à nouveau, en souhaitant, tout de même, que la mobilisation retrouve son calme.
Selon les informations de 20 Minutes, le proviseur de l’établissement, Pierre Donnadieu, compte déposer une plainte suite aux dégâts provoqués par les flammes. Il aurait repéré certains de ses élèves parmi les incendiaires.
Thibaut Calatayud
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